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Aude, responsable d’équipe Circuits courts à la Chambre d’agriculture d’Alsace : « J’aime la diversité des activités que permet mon métier »

Aude, 38 ans, est responsable d’équipe Circuits courts à la Chambre d’agriculture d’Alsace depuis 2018. L’intitulé de son métier peut paraître un peu mystérieux, voire obscur… Il est, au contraire, synonyme de proximité, solidarité, échange… autant de valeurs qui la connectent, par ailleurs, à la CFDT.

Diversité des activités, dynamisme d’un secteur

Aude, quel est l’intitulé exact de ta profession ? Et qu’est-ce qui t’y a amenée ?

Je suis responsable de l’équipe Circuits courts à la Chambre d’agriculture d’Alsace.

Après une première expérience dans une collectivité, j’ai intégré la Chambre d’agriculture en 2008 en tant que conseillère spécialisée et suis devenue responsable d’équipe en 2018.

Le circuit court, c’est un concept qui résonne sans doute de manière particulière pour les gens (et donc nos lecteurs), spécialement à notre époque, où l’on sent un intérêt grandissant pour une forme d’éco-responsabilité…

Les circuits courts me tiennent à cœur car ils permettent de créer du lien entre les agriculteurs et les consommateurs et participent au développement d’une agriculture locale et de qualité.

J’aime la diversité des activités que permet mon métier, le dynamisme de ce secteur et le relationnel avec les agriculteurs, partenaires et collègues.

Pourrais-tu décrire une journée type ?

Il n’y a pas vraiment de journée type !

Actuellement, je travaille avec de nombreuses collectivités dans le cadre de leur projet alimentaire territorial sur la création d’outils collectifs de transformation, le développement de circuits de distribution, l’approvisionnement de la restauration collective ou encore la communication vers le grand public.

Après un boom durant la crise sanitaire, les circuits courts souffrent depuis l’année dernière d’une baisse d’activité liée à la baisse du pouvoir d’achat.

Est-ce que ton métier est attractif pour les jeunes ? Sans entrer dans le détail de ton cas particulier, peut-on parler d’un métier « bien payé » ?

Malgré son intérêt, le métier de conseiller ou chargé de mission est peu attractif en Chambre d’agriculture. Il y a beaucoup de turnover et des difficultés de recrutement. Les salaires sont bas : en début de carrière, un jeune avec bac+5 gagne à peine plus 2000 € brut par mois.

Quelles sont, éventuellement, les difficultés que tu rencontres dans l’exercice de ta profession (manque de moyens, effectifs, problèmes d’organisation, mauvaise communication avec la hiérarchie, etc.) ? Et, de fait, quelles sont tes principales revendications à ce sujet ?

La charge de travail est importante avec de nombreux pics d’activité. Le turn-over accroît la charge de travail pour « ceux qui restent ».

La dimension commerciale est assez récente dans les chambres d’agriculture. Nos métiers ont fortement évolué. La pression pour le développement des prestations est croissante. En Alsace, un système de primes sur objectifs individuels a été mis en place l’année dernière. Nous avons critiqué le caractère individuel et craint les effets pervers sur le collectif. Le bilan doit être présenté prochainement.

Aude, c’est aussi un engagement syndical

Parlons syndicalisme, à présent… Est-ce que tu exerces un mandat (ou plusieurs) ?

Je suis déléguée syndicale CFDT dans mon établissement depuis 2017. Je suis également déléguée syndicale régionale et membre de la commission nationale depuis l’année dernière.

Depuis combien de temps adhères-tu à la CFDT ?

Je suis adhérente à la CFDT depuis dix ans. Avec un petit groupe d’élus et l’appui du syndicat agroalimentaire des services du Bas-Rhin, nous avons créé la section CFDT pour pouvoir mieux exercer nos mandats dans le contexte de fusion des Chambres d’agriculture du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Les Chambres d’agriculture ont leur propre statut du personnel et il est difficile de s’y retrouver !

Que t’apporte le syndicat dans ta vie professionnelle ? As-tu obtenu des améliorations de tes conditions de travail grâce à la CFDT ?

Enormément ! Toute la force d’un réseau. Grâce à la CFDT, nous avons pu nous former, être informés et participer aux travaux au niveau national, échanger avec les autres équipes, bénéficier d’outils de communication…

En 2022, nous avons obtenu une augmentation de la valeur du point après dix ans sans augmentation. Au niveau régional, nous avons signé un accord en 2017 sur l’harmonisation des conditions d’emploi à l’échelle régionale. Grâce à la CFDT, celle-ci s’est faite globalement « par le haut » sur les grilles d’emploi, le temps de travail, les œuvres sociales, les frais de déplacement… Nous négocions actuellement un accord sur le télétravail.

Parle-nous de ta section syndicale… Dirais-tu qu’il est possible (et facile) de faire du développement ? Est-on réceptif à la CFDT autour de toi, parmi tes collègues ?

Au niveau de l’établissement, il me semble plus difficile d’obtenir des améliorations tangibles pour les salariés. Nous essayons de faire vivre le dialogue social en relayant les préoccupations des salariés qui sont, aujourd’hui, principalement le pouvoir d’achat et le turn-over, et en étant force de proposition pour développer la communication en interne et sur la prévention des risques psycho-sociaux, par exemple.

Enfin, si tu souhaites ajouter quelque chose, c’est le moment !

Je profite de ces pages pour dire que j’ai eu la chance de participer au dernier congrès fédéral, à Saint-Etienne, en décembre dernier. J’ai particulièrement apprécié l’ouverture à d’autres secteurs d’activité, très intéressante, ainsi que les débats, passionnants.

>>> Pour aller plus loin :

> Pour en savoir plus, consulter le site de la CFDT Agri-Agro