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Benjamin, chauffeur agricole : « Au contact de la nature, aucun jour ne ressemble à un autre ! »

Benjamin, 30 ans, travaille comme chauffeur agricole pour une société agroalimentaire des Landes (40).

Benjamin, depuis quand fais-tu ce métier ?

J’entame ma 10ème année au sein de l’entreprise. Embauché initialement en tant que saisonnier préparateur de commandes (pendant 1 an), puis titularisé au poste de cariste (pendant 2 ans), je me retrouve donc à ma 7ème année en tant que chauffeur, grâce au recrutement interne de l’entreprise.

En quoi consiste ton activité professionnelle ?

J’appartiens au service « production agricole », où j’exerce, toute l’année, mon activité de chauffeur. De ce fait, j’effectue tous les travaux relatifs à la culture de la carotte, ce qui va des divers travaux de préparation du sol et de semis jusqu’à la récolte, en passant par les différents traitements phytosanitaires et, bien sûr, l’entretien périodique du matériel. Pour résumer, je dirais que passe 99% de mon temps dans les champs, assis derrière le volant d’un tracteur ou d’une machine.

Quelle formation as-tu suivie pour exercer cette profession ?

A l’âge de 18 ans, je quitte le lycée sans diplôme et me retrouve donc sur le marché du travail. Après 6 mois d’intérim, je suis embauché au service expédition de Legum’Land, où j’apprends mon 1er métier. De fil en aiguille, j’arrive à mon métier de chauffeur, que j’apprends sur le tas.

On ne peut donc pas parler de vocation réelle…

Dans les Landes, il y a deux grands secteurs : l’agriculture et la forêt. Tout petit, je rêvais plutôt d’être pilote de ligne, tout en étant tout de même fasciné (comme pas mal de petits garçons, j’imagine) par les engins agricoles qui traversaient mon village. Aujourd’hui, je suis pilote de tracteurs ! Et je m’épanouis dans cette activité. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une vocation à proprement parler, mais les gros engins agricoles me faisaient quand même rêver.

Raconte-nous une journée type… Si journée type il y a, d’ailleurs !

Il n’y a pas réellement de journée type dans mon travail. Généralement j’embauche à 8h du matin. Ensuite, l’activité dépend de la saison : il y a la récolte toute l’année (une à trois équipes composées d’un chauffeur d’arracheuse et de 4 chauffeurs de bennes), le semis par périodes (au moins 4 personnes : décompactage, labour, cultirateau (1), semoir), tous les travaux auxiliaires (binage, engrais, traitements phytosanitaires…) et l’atelier. Malgré des plannings hebdomadaires par postes, nous sommes tributaires des conditions climatiques et devons donc nous adapter chaque jour. Ainsi, on est donc plutôt dans une configuration contraire à l’idée même d’une « journée type » : chaque jour est différent du précédent et est une nouvelle aventure !

Est-ce un « secteur » en développement ? Est-ce un métier « d’avenir » ? Y a-t-il beaucoup de jeunes qui veulent faire ce métier ? Est-ce un métier « attractif » ?

En général, je pense que les métiers de l’agroalimentaire ne sont pas particulièrement attractifs.

Les salaires et les conditions de travail n’attirent pas forcément les jeunes, mis à part pour du travail saisonnier. Je crois que les jeunes (même si je le suis aussi) n’arrivent plus à s’identifier à leurs aînés ainsi qu’à du matériel souvent vieillissant et se détachent de tous ces travaux dits « pénibles ». Il y a sûrement aussi une grande méconnaissance du secteur, ainsi que beaucoup de préjugés sur les métiers de l’agriculture.

Sans entrer dans les détails de ton cas personnel, peut-on parler d’un métier qui serait « bien payé » ?

Je dirais que mon métier de chauffeur me permet de vivre correctement, sans pour autant m’enrichir. Les grilles salariales sont plutôt basses dans mon département et les marchés actuels, qui ne sont pas spécialement au beau fixe, rendent la vie de l’entreprise difficile.

Une anecdote à nous raconter, peut-être ?

Je n’ai pas réellement d’anecdote à raconter sur ma vie professionnelle, mais j’aimerais juste dire que mon métier est fabuleux ! Je suis tous les jours dans les champs, seul ou en équipe, au contact de notre belle nature qui évolue au fil des saisons… Aucun jour ne ressemble à un autre et c’est vraiment enrichissant. Les contacts avec les paysans se passent toujours bien et le partage des expériences me permet vraiment d’avancer et d’acquérir de l’expérience supplémentaire.

 

(1) Le cultirateau est un engin polyvalent, destiné à « préparer » de manière efficace la terre. Tirée par un tracteur, la machine est dotée, à l’avant, d’une fraise qui ameublit le sol sans le tasser. À l’arrière, un râteau éclate les mottes, ratisse et forme une butte, destinée à accueillir les futures semences. En surface, la terre fine et aérée favorise une germination rapide. En profondeur, les mottes de plus en plus grosses permettent aux plantes de prendre racine. L’outil deux en un (culti et rateau) réduit les coûts de production et allège le travail du maraîcher. En un passage, la terre est prête à être ensemencée.

> Pour en savoir plus, consulter le site de la CFDT Agri-Agro