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Christine, agent de remplacement : « On nous appelle parfois les « pompiers » des agriculteurs ! »

Christine est une personnalité un peu atypique dans le paysage agricole : en effet, de par son parcours personnel, elle a d’abord fait des études dans un lycée agricole, pour bifurquer ensuite dans le monde de l’équitation (où elle passera une vingtaine d’années), avant de revenir dans un milieu purement agricole, pour exercer un métier qui se traduit notamment par une grande polyvalence…

Un « agent de remplacement », c’est quoi exactement ?

J’interviens dans des exploitations agricoles où la personne est soit en congés, soit en formation, ou en maladie, en accident ou bien a tout simplement besoin d’un complément de main-d’œuvre. Mon activité principale est la traite des vaches, mais j’interviens aussi auprès d’élevages de lapins, poules pondeuses, brebis, gibier, chèvres avec transformation fromagère. J’effectue les soins aux animaux, les travaux de fenaison.

Quelles tâches ce métier recouvre-t-il ?

Cela varie en fonction des animaux. Pour les vaches, les tâches principales sont la traite, avec le nettoyage des locaux et soins apportés aux veaux, et parfois le paillage et l’alimentation. Concernant les lapins, je m’occupe de leur alimentation, du nettoyage des locaux, ainsi que du suivi de la reproduction (de l’insémination à la mise bas)… en fait tout, de la naissance au départ à l’abattoir. Pour les chèvres, outre la traite et l’alimentation, je m’occupe également de la partie « fromages »… Enfin, pour les poules, les tâches relèvent essentiellement de la surveillance (alimentation, eau, température du bâtiment, sortie et rentrée des poules…), du ramassage des œufs et de leur mise sur palettes.

As-tu suivi une formation pour exercer ton métier ? Si oui, combien d’années de formation ?

J’ai commencé jeune, en lycée agricole, puis j’ai terminé en formation pour adultes en Centre de Formation Pour la Promotion Agricole (CFPPA), où j’ai obtenu un Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole (BPREA). C’est une formation qui dure un an.

Comment es-tu venue à cette profession ? Est-ce que cela correspondait à ce que tu voulais faire depuis toujours (pour le dire autrement : cela correspond-il chez toi à une vocation ?) ?

J’ai toujours eu un goût très prononcé pour l’activité agricole d’élevage. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis allée en lycée agricole. Pendant ma scolarité, j’ai pu renforcer ma passion pour les chevaux et l’équitation, au point de mettre un terme à mes études afin de passer mon monitorat. J’ai fait ce métier pendant une vingtaine d’années, puis j’ai choisi de revenir à mes « premières amours » lorsque je suis venue habiter en Auvergne.

Peux-tu décrire une journée-type (si l’on peut parler de journée « type ») ?

Il n’y a pas, à proprement parler, de journée type dans le métier que j’exerce… Je change sans arrêt ! C’est tellement variable que, selon la durée de mes missions, je peux intervenir de 2 heures à plusieurs mois !

Est-ce un « secteur » en développement ? Est-ce un métier « d’avenir » ? Y a-t-il beaucoup de jeunes qui veulent faire ce métier ? Est-ce un métier « attractif » ?

Je ne sais pas si ce métier est en développement, mais il est sûr que le travail ne manque pas dans les exploitations, que les gens y sont de moins en moins nombreux (fini la cohabitation de plusieurs générations !) et que le coût du salariat étant élevé, la profession que j’exerce permet de n’employer une personne que lorsqu’on en a besoin. Par conséquent, à la question « Est-ce un métier d’avenir ? », j’aurais tendance à répondre oui, sûrement, de par sa flexibilité. Beaucoup de jeunes font du remplacement pour parfaire leur expérience : quoi de mieux pour connaître de nombreuses façons de travailler, productions, méthodes, installations… Souvent ils restent et s’installent en tant qu’agriculteurs. Pour ce qui est de l’attractivité de ce métier, je ne saurais trop dire… Il faut aimer le changement, être polyvalent et très disponible. Mais les relations avec les exploitants sont globalement très bonnes car nous venons pour les aider, il ne faut pas l’oublier.
Et puis il y a tout de même, de temps à autres, les coups durs… Venir traire les vaches un soir, alors que l’éleveur s’est pendu le matin même dans la salle de traite… Ce n’est pas forcément évident.

Sans forcément entrer dans le détail de ton cas particulier, dirais-tu qu’on gagne bien sa vie avec cette profession ?

Je ne peux que donner l’exemple de mon entreprise car le service de remplacement fonctionne de façon différente dans chaque département. Nous avons deux types de contrats : CDII (CDI intermittent) ou CDIA (CDI annualisé). Cela dépend du nombre d’heures du contrat, de l’endroit où nous nous trouvons (il y a, par exemple, plus de travail en zone de Saint Nectaire qu’en zone céréalière). Et puis les heures sont limitées.

As-tu une anecdote à raconter ? Un souvenir un peu particulier ? Avec ce métier, es-tu amenée à rencontrer des gens différents tous les jours ? Des personnes un peu « insolites », peut-être ?

Franchement, chaque intervention est une nouvelle rencontre. J’ai un souvenir qui me vient spontanément à l’esprit : le premier poste que j’ai occupé, c’était pour traire. L’exploitant n’arrêtait pas de dire à sa femme qu’en tant que femme je ne pouvais pas y arriver… Au final, cela fait maintenant 10 ans que je vais chez eux et qu’ils partent en vacances en toute tranquillité.

> Pour en savoir plus, consulter le site de la CFDT Agri-Agro