Portrait de Lionel, moniteur depuis dix ans à la Maison familiale rurale (MFR) de Morre, dans le Doubs (25). Son métier, souvent méconnu, est pour lui bien plus qu’une simple profession : une véritable vocation.
Le rôle du moniteur en Maison Familiale Rurale (MFR)
« Un moniteur en MFR est un formateur, un enseignant, mais aussi un éducateur et un animateur » explique Lionel pour décrire son rôle au sein des MFR, un réseau d’établissements privés sous statut associatif, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture. Le moniteur assure l’enseignement de différentes matières tout en ayant une mission éducative et d’animation auprès des jeunes de 14 à 21 ans.
Lionel enseigne l’histoire-géographie et l’éducation physique et sportive (EPS) à des élèves en bac professionnel. Il souligne qu’en MFR, il est courant d’enseigner plusieurs disciplines, ce qui permet une grande diversité dans le travail quotidien.
Une journée type d’un moniteur en MFR : enseignement et gestion éducative
Une journée de travail de Lionel commence souvent par deux heures de cours d’histoire, suivies d’un temps de préparation ou de correction de copies. L’après-midi, il enchaîne avec des cours d’EPS et prend le temps de gérer des situations éducatives ou d’organiser des visites de stage. Il explique également qu’une dizaine de fois par an, il assure une étude en fin de journée, ainsi qu’une permanence avec les élèves jusqu’à 21h.
Moniteur en MFR, une vocation
Lionel a toujours voulu être enseignant. Après un échec au CAPES, il a trouvé sa voie dans les Maisons familiales rurales, un choix qui a été pour lui une véritable vocation. Il considère que son métier est d’autant plus enrichissant qu’il permet d’accompagner des jeunes souvent issus de parcours difficiles.
Il souligne également que, bien que le métier ait des avantages en termes de diversité des tâches et de relations humaines, le salaire reste un point de friction. Selon lui, bien que le salaire d’un moniteur en MFR puisse être attractif après quelques années, il n’est pas toujours à la hauteur des attentes, surtout pour ceux ayant un niveau bac +5.
Manque de moyens et difficultés organisationnelles
Lionel identifie plusieurs difficultés dans son métier. La première est liée à l’enseignement lui-même, qui devient de plus en plus difficile à exercer en raison de la pénurie d’enseignants et des élèves ayant des problèmes comportementaux. La situation économique des MFR n’est pas non plus facile : les recrutements d’élèves sont en baisse, ce qui entraîne une réduction des moyens financiers alloués par le ministère de l’Agriculture.
Multi-tâches
Les moniteurs assument souvent des fonctions de direction en plus de leurs missions d’enseignement, ce qui peut conduire à une surcharge de travail et une gestion plus axée sur l’urgence que sur la planification.
Enfin, la gouvernance des MFR est parfois source de tensions. Les conseils d’administration, majoritairement composés de parents d’élèves, peuvent ne pas toujours comprendre le travail des moniteurs, ce qui génère des conflits au sein des établissements.
Le rôle du syndicat : Lionel et la CFDT
Lionel est adhérent à la CFDT depuis sept ans. Il a rejoint le syndicat après une vague de licenciements économiques dans son établissement. Depuis, il explique que la CFDT lui a apporté un soutien précieux, notamment en tant qu’élu du CSE (Comité Social et Économique), où il défend les droits des salariés.
La CFDT a également joué un rôle important dans la négociation salariale, permettant une récente revalorisation des salaires des moniteurs en MFR, grâce à l’augmentation du point d’indice. Lionel met en lumière l’importance de l’engagement syndical pour obtenir des améliorations concrètes dans les conditions de travail.
Le développement syndical dans les MFR : des défis à relever
Bien que Lionel soit l’un des trois adhérents à la CFDT dans son établissement, il constate que le développement syndical dans les Maisons familiales rurales reste un défi. Beaucoup de ses collègues ne sont pas encore conscients des avantages du syndicalisme, notamment en ce qui concerne les négociations salariales et les droits des travailleurs.
Lionel reconnaît qu’il est encore difficile de faire entendre la voix des syndicats au sein des MFR, et qu’un travail de pédagogie est nécessaire pour expliquer le rôle du syndicat et ses bienfaits, en particulier la CFDT qui privilégie la négociation constructive.
Pourquoi rejoindre un syndicat en MFR ?
Lionel conclut en affirmant que, malgré les défis, être moniteur en MFR est un métier avec du sens. Le soutien syndical, comme celui apporté par la CFDT Agri-Agro, est essentiel pour défendre les droits des travailleurs et améliorer les conditions de travail des moniteurs. Rejoindre un syndicat, c’est aussi s’assurer que la voix des moniteurs en MFR soit entendue et que leurs revendications soient prises en compte.