La gestion de cette ressource est cruciale pour garantir notre sécurité alimentaire, la durabilité des écosystèmes et leur résilience face aux changements climatiques. Bien que renouvelable, cette ressource est fragile. Aussi nécessite-t-elle une gestion durable aussi bien au plan quantitatif que qualitatif.
L’eau, ressource vitale : vers une gestion durable ?
Préserver la disponibilité en eau douce constitue un enjeu majeur pour notre santé humaine. Dans le cadre du réchauffement climatique, l’irrigation devient de plus en plus difficile. Les exploitations agricoles doivent s’adapter à cette réalité, en adoptant des pratiques agricoles résilientes et des cultures adaptées.
L’utilisation excessive d’engrais et de produits phytosanitaires en agriculture constitue encore aujourd’hui un risque majeur de contamination des ressources en eau, affectant les écosystèmes et la santé humaine. Et les travailleurs sont les premiers exposés.
Si les pratiques agricoles durables et la rotation des cultures peuvent aider à préserver la qualité de l’eau, les changements de pratiques sont lents. La pollution par les nitrates a augmenté de plus 37% entre 1996 et 2018. La soutenabilité du coût des traitements de l’eau pour les ménages qui ont réduit leur consommation d’eau depuis plus de 20 ans, reste notre préoccupation syndicale. Pour la CFDT AGRI-AGRO, il doit y avoir une équité dans la prise en charge des coûts entre tous les acteurs.
Selon la Cour des Comptes entre 1995 et 2013, la concentration moyenne de nitrate a connu une baisse moyenne de 0,65 mg/l/an. Depuis 2014, la baisse a été plus limitée (en moyenne de -0,14 mg/l/an). Grâce aux Plans algues vertes, la diffusion de meilleures pratiques de fertilisation et d’assolement progresse, mais avec une moindre mobilisation après 2015. Elle note l’amélioration des pratiques de fertilisation des terres et la meilleure gestion de l’épandage (75 % des répondants), la mise en place de cultures intermédiaires pièges à nitrates (63 %) ou encore l’évolution des typologies de cultures (51 %). Mais le meilleur traitement des effluents n’est toujours pas une pratique majoritaire (25 %).
Agriculture et ressources en eau : vers des pratiques plus résilientes ?
Pour la Cour des Comptes, la qualité des conseils apportés aux agriculteurs est déterminante et apparaît hétérogène. Or, seules 16 % des exploitations réalisent elles-mêmes leurs plans de fumure, la plupart passant par un tiers. Il en va de même pour l’épandage. La formation de ces acteurs est donc un enjeu clé. Les systèmes d’irrigation ne sont pas non plus optimisés nécessitant des investissements importants pour être modernisés. L’alternance de sécheresses et de périodes de forte pluviométrie ne facilite pas la planification de l’irrigation.
Une bonne gouvernance dans la gestion de l’eau reste à généraliser pour surmonter des freins économiques aux changements de pratiques. Pour la CFDT Agri-Agro, la mise en œuvre de démarches collectives de pratiques agroécologiques dans les territoires est indispensable.
Les Assises de l’eau de 2019 ont préconisé l’élaboration de Projets de Territoire pour la Gestion de l’Eau (PTGE) s’appuyant sur un diagnostic et un dialogue entre les différents acteurs. Cela aiderait à réguler les conflits d’usage, même si les syndicats de salariés sont rarement associées au dialogue.
Eau : que peut-on attendre du développement de la Filière protéines végétales ?
Depuis 2020, une stratégie nationale « Protéines végétales » à 10 ans vise à renforcer la production de protéines végétales. Développer des variétés de légumineuses mieux adaptées aux conditions climatiques changeantes contribue à préserver la biodiversité agricole et à la résilience des écosystèmes. Les cultures végétales, en particulier les légumineuses (comme les lentilles, pois, fèves…), nécessitent souvent moins d’eau que les cultures destinées à l’alimentation animale ou l’élevage. Les légumineuses et autres plantes riches en protéines nécessitent aussi moins d’engrais et de pesticides. Par ailleurs, la demande des consommateurs évolue[1]. Mais des questions se posent : quels sont nos réels besoins en protéines végétales et animales pour être en bonne santé ? Et comment les territoires peuvent-ils répondre durablement à ces besoins ?
[1] Selon Kantar World Panel, en 2021, 49 % des foyers français comprenaient au moins une personne flexitarienne, contre 25 %, six ans plus tôt. Et certaines marques spécialisées dans les produits carnés intègrent aussi les protéines végétales dans une optique de diversification et de survie économique.