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Réponse du berger de la CFDT Agri Agro à la bergère : « Je suis un gardien de troupeau pastoraliste ! »

La CFDT Agri-Agro souhaite substituer le terme « gardien de troupeau pastoraliste » à celui de « berger » dont l’usage apparaît trop flou et qui est en conséquence sujet à confusion entre plusieurs statuts. Ce sujet est débattu lors de la négociation, demandée par plusieurs organisations syndicales, dont la CFDT Agri-Agro, sur le statut des bergers dans le cadre de la convention collective de la production agricole et des CUMA.

Pour la CFDT Agri-Agro, une définition complète du métier de gardien de troupeau pastoraliste est importante. Elle permet de sortir du narratif idéalisé porté par la littérature sur les bergers. Et de mettre des mots sur les fonctions réelles de ces salariés

Pourquoi les bergers de la CFDT Agri-Agro des Alpes de Haute Provence souhaitent être appelés gardiens de troupeau pastoralistes ?

Les adhérents de la CFDT Agri-Agro des Alpes de Haute Provence ont proposé la définition suivante d’un gardien de troupeau pastoraliste : salarié qui prend soin, dans le cadre d’un contrat de travail, d’un ou plusieurs troupeaux pâturant des territoires et des espaces à vocation pastorale (le plus souvent partagés avec d’autres ayant-droit et usagers). Les aides-bergers, ou aides gardien de troupeau pastoraliste, n’entrent pas dans cette catégorie car leurs missions n’intègrent pas la garde autonome et isolée d’un troupeau qui nécessite une qualification et une expérience spécifique en raison des responsabilités qu’implique cette mission. La CFDT Agri-Agro toute entière porte désormais cette définition.

Un berger, un vacher, un pâtre, sont des salariés qui gardent un troupeau

Le gardien de troupeau pastoraliste peut prendre soin de troupeaux d’ovins, de caprins, de bovins... le plus souvent allaitants et/ ou laitiers. Il intervient en estive comme en plaine ou en colline. Gardien de troupeau pastoraliste berger avec son chien dans la montagneLes éleveurs délèguent en tout ou en partie au gardien de troupeau pastoraliste la responsabilité de la garde et de la surveillance de leurs animaux pour valoriser des ressources fourragères majoritairement spontanées. Les compétences professionnelles des gardiens de troupeau pastoralistes peuvent être sollicitées dans différents contextes géographiques et tout au long de l’année dans le cadre d’un système d’élevage dit pastoral ou extensif consistant à faire transhumer les troupeaux pour optimiser les ressources fourragères disponibles en fonction des saisons, de la météo et du rythme biologique des plantes et des animaux. Ils travaillent en plein air et vivent souvent en situation d’isolement dans des conditions parfois difficiles et dangereuses, notamment en haute montagne pendant l’estive.

Et cette garde est en autonomie dans des espaces à vocation pastorale

Pour ce faire, le gardien de troupeau pastoraliste est responsable de la bonne exécution de son travail dans le cadre des missions spécifiées dans son contrat de travail et des instructions données par son employeur. Il travaille seul ou en équipe. En fonction de ses compétences, de son expérience et des caractéristiques des missions qui lui sont confiées ainsi que des troupeaux et des espaces sur lesquels il exerce son métier, le gardien de troupeau pastoraliste organise son temps de travail de façon autonome avec une certaine latitude décisionnelle.

Ces dernières années plusieurs éléments de contexte ont évolué très sensiblement : la prédation des loups tend à se généraliser sur tous les espaces pastoraux, la fréquentation touristique s’est accrue fortement sur la période estivale, le réchauffement climatique se confirme et s’amplifie, les exigences environnementales et de bien-être animal augmentent… Ces évolutions ont impacté les missions et activités des gardiens de troupeau pastoralistes et fortement augmenté la charge technique et mentale qui pèse sur eux.

Mission première : le gardien de troupeau pastoraliste gère un troupeau

Cela tombe sous le sens : un gardien de troupeau pastoraliste conduit un troupeau. Il fait le choix du mode de garde et des circuits de pâturage du troupeau qui lui est confié en fonction des consignes générales données par son employeur, de la disponibilité des ressources fourragères et des conditions propres à chaque espace pastoral : nombre, types et état sanitaire d’animaux, géomorphologie, météo, végétation, saison, prédation, fréquentation touristique, etc

Alimenter et abreuver les animaux, les garder et les surveiller

Pour cela, le gardien de troupeau pastoraliste veille à l’adéquation de l’alimentation et de l’abreuvement aux besoins des animaux dont il a la garde. Afin d’assurer leur bon état et leur bien-être (aussi bien en bâtiment, qu’en plaine, qu’en collines et qu’en estive).

Il conduit le troupeau en fonction des besoins des animaux. Et participe au marquage et au comptage des animaux, de tri et d’allotement, à la transhumance, aux opérations de chargement et de déchargement des animaux et du matériel, aux héliportages. Le gardien de troupeau pastoraliste sait réagir aux intempéries et aux changements brutaux météorologiques afin d’assurer sa sécurité et celle du troupeau. Il prend les décisions de première urgence pour limiter les risques et éviter les accidents.

Garder le troupeau en bonne santé et manager le collectif hommes-animaux

En complément, le gardien de troupeau pastoraliste assure le suivi de l’état général des animaux, la détection des maladies et blessures. Ses missions sont les suivantes :

  • Administrer des soins et des traitements,
  • Exécuter parfois des actes techniques vétérinaires (retournement de matrice, réduction de fracture, etc), le plus souvent en autonomie, parfois en relation avec son employeur et, si besoin, un vétérinaire désigné par son employeur,
  • Intervenir avec le matériel et les produits de soins que lui procure son employeur,
  • Parfois, être amené à assurer des mises-bas,
  • Dans tous les cas, noter les soins effectués sur un registre.

Il encadre aussi et/ou coordonne un collectif de travail à dimension variable composé de collaborateurs humains (gardien de troupeau pastoraliste, aide-berger, écovolontaire, éleveurs, gardes divers…) et non-humains (chiens de conduite et de protection). Dans ce cadre, il veille à l’efficacité et à la bonne entente de ce collectif pour mener à bien ses différentes missions. Et il collabore avec ses collègues et autres acteurs concernés.

Le gardien de troupeau pastoraliste dispose d’un nombre de chiens de conduite de troupeau (aptes au travail avec les troupeaux) adapté à la taille du troupeau et aux conditions de garde. Il gère au besoin des chiens de protection correctement éduqués en optimisant leur efficacité pour dissuader et repousser les attaques des prédateurs, tout en permettant un usage partagé et apaisé des espaces pastoraux avec les autres usagers.

Gérer les ressources pastorales, une responsabilité du gardien de troupeau pour préserver un bien commun

Véritable intendant de la montagne, le gardien de troupeau pastoraliste gère les ressources (herbe, feuillage, ligneux…) et les parcours dans le respect du potentiel fourrager et, le cas échéant, du plan de gestion éco pastoral, en l’adaptant en fonction des caractéristiques du troupeau et du territoire pastoral et en prenant en compte les aléas.

Tout est question d’équilibre, et d’adéquation entre les ressources et les besoins

En autonomie, le gardien de troupeau pastoraliste organise le parcours et le circuit qu’il emprunte avecGardien de troupeau pastoraliste, berger, chien, moutons, chèvres dans la Crau le troupeau pour répondre à ses besoins en optimisant le pâturage. Il aménage la garde en fonction des conditions météorologiques afin que les animaux puissent manger à leur faim. Il veille à éviter tout à la fois le sur et le sous-pâturage du territoire pastoral dont il a la garde. Du fait de son expérience, il connaît et sait éviter les risques liés aux différentes ressources fourragères et aux caractéristiques des espaces pastoraux qu’il gère. Cela l’amène à conduire le troupeau au mieux pour conserver des animaux et des écosystèmes en bon état. Et à enregistrer le plan de pâturage.

Usage et entretien des outils pastoraux, amélioration de la conduite et des équipements

Le gardien de troupeau pastoraliste utilise et entretient, avec les outils et matériaux qui lui sont fournis par l’employeur, les équipements pastoraux mis à sa disposition : équipements de contention, parcs et électrificateurs, points d’eau, logements, outils, équipements électroportatifs, véhicules, … Il participe à leur installation et à leur mise en hivernage.

Souvent, il propose selon les besoins des évolutions et adaptations de la conduite du troupeau et des équipements pour améliorer les conditions de travail et la qualité de vie des gardiens de troupeau pastoralistes.

Le gardien de troupeau pastoraliste et la gestion de l’environnement

La protection contre les prédateurs : nouvelle donne pour les gardiens de troupeau pastoralistes

Prédateurs obligent, le gardien de troupeau pastoraliste assure la prévention et la dissuasion contre les attaques  (loup, ours, etc) par la mise en place des mesures de protection : pose de clôtures selon les préconisations techniques et réglementaires, travail avec les chiens de protection des troupeaux. Il veille à prévenir les attaques des prédateurs. Il réalise ou participe aux constats de prédation, recherche les victimes et assure les soins aux victimes.

Gestion des contraintes et des engagements environnementaux et relations avec les autres ayant-droit et usagers

Le gardien de troupeau pastoraliste assure la mise en œuvre des éventuelles mesures agro-environnementales, conventions pluriannuelles de pâturage et autres mesures contractuelles ou d’usage en relation avec les différents partenaires.

Parfois, il est en relation avec les autres utilisateurs des espaces pastoraux. Sans équivoque, il est un pilier du pastoralisme et porte concrètement les enjeux de la profession. Parfois, il peut informer les usagers sur les comportements à adopter pour réduire les risques d’accident, sur le métier de gardien de troupeau et sur le pastoralisme. De cette manière, il contribue à la prévention des incidents et à une meilleure cohabitation entre les usagers, les troupeaux et les prédateurs.

> Pour en savoir plus, consulter le site de la CFDT Agri-Agro