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Se préparer à l’agriculture 3.0

La définition de l’industrie du futur peut être élargie à l’agriculture : elle concerne les évolutions liées à la prise en compte de la transition numérique par l’industrie, et plus largement l’adaptation « à plusieurs transitions simultanées : énergétique, écologique, numérique, organisationnelle et sociétale »[1].

Innovations technologiques

Les innovations technologiques sont les plus visibles : robotisation, agriculture de précision qu’on appelle de plus en plus agriculture connectée car elle s’appuie sur l’utilisation des données récoltées par les capteurs incorporés dans les équipements (tracteur, pulvérisateur mais aussi robot de traite) dans les parcelles voire dans les animaux, en lien avec les données fournies par des drones ou des images satellites.

Agro-écologie

C’est très complémentaire avec l’autre évolution qui s’impose : l’agro-écologie. Il est ici question d’innovation agronomique : mieux utiliser les fonctionnalités écologiques pour produire autant en utilisant moins d’intrants. Il faut tout d’abord mieux connaitre le fonctionnement des sols agricoles, les interactions, pour faire évoluer les pratiques.

L’aval sera tout autant, sinon plus, impacté. On peut imaginer (et cela existe déjà) des plateformes de mutualisation des données, questionnements, analyses et compétences entre agriculteurs : sorte de groupes de développement par Internet ou échanges de services directement entre agriculteurs.  Les fournisseurs de matériel et d’intrants collecteront une grande quantité de de données, qu’ils pourront analyser pour proposer des diagnostics et des conseils. Les outils d’aide à la décision se développent également. Que deviendront alors nos organismes de conseil, centres de gestion, chambres d’agriculture ? Jean-Marie Séronie titre dans son dernier livre[2] : « Conseils et services : muter rapidement ou disparaître ».

Créer les conditions d’une agriculture innovante suppose de se donner les moyens de résister à un monopole sur la sélection variétale et de mettre via l’orientation de crédits publics, les recherches publiques au service d’itinéraires techniques mieux intégrés aux écosystèmes, au service de l’adaptation au changement climatique et de la protection du capital naturel.

Anticiper les évolutions des métiers

Pour la FGA-CFDT, l’agriculture moderne nécessite un haut degré de qualification. Paradoxalement, les pratiques les plus économes en intrants chimiques sont plus complexes. L’agriculteur doit aujourd’hui avoir des compétences techniques et managériales. Il faut donc lui permettre, ainsi qu’aux salariés, d’avoir une formation continue plus poussée, entre autre via des congés individuels de formation. L’enseignement agricole doit intégrer des formations plus avancées. Une politique de synergie doit être recherchée entre les différents acteurs.

La FGA-CFDT doit anticiper les évolutions des métiers, des compétences, des conditions de travail des salariés agricoles, en intervenant au niveau des organismes collecteurs des fonds de la formation professionnelle, des observatoires des métiers et de l’enseignement agricole en général. Au sein des organismes de service, la FGA-CFDT devra être vigilante sur l’évolution des métiers et sur les probables réorganisations.  

 

[1] http://industriedufutur.fim.net/
[2] « Vers un big bang agricole ? Révolution numérique en agriculture » Editons France Agricole, 2016

> Pour en savoir plus, consulter le site de la CFDT Agri-Agro